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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 18:33
Le radeau de la Méduse
Janvier 2008
 
Révélations sur le dernier lundi noir :
 
La Société générale a perdu 7 milliards d’euros soit 4 années de bénéfices, mais Richelieu a eu aussi des difficultés. Ces informations montrent que la France n’est pas isolée face à l’assèchement du crédit.
 
Reuters le 24/01/2008 17h27
Doutes sur la thèse de la Société générale d'une fraude isolée
 
par Raoul Sachs et Juliette Rouillon
PARIS (Reuters) - La thèse de la Société générale d'une fraude isolée dans son département dérivés actions, qui s'est soldée par une perte colossale de 4,9 milliards d'euros, suscite de sérieux doutes dans les milieux professionnels. Parmi les intervenants de marché interrogés, ceux qui ne rejettent pas cette version parlent au minimum d'une "affaire grave" pour la Société générale et pour l'ensemble du système bancaire français.
"Une banque qui est numéro un mondial des dérivés actions nous dit en fait que son système de contrôle s'est révélé indigent. Ca jette le discrédit sur le système bancaire français", dit un gérant de portefeuille qui n'exclut pas qu'un trader isolé ait pu prendre des positions sur dérivés frauduleuses et entraîner des pertes d'une telle ampleur.
"Ce n'est pas seulement les responsables hiérarchiques du trader qui doivent partir mais le PDG Daniel Bouton lui-même", a-t-il estimé. Daniel Bouton a indiqué au cours d'une conférence de presse qu'il avait proposé sa propre démission au conseil d'administration, qui l'a refusée. La démission du responsable du pôle actions et dérivés de la banque, Luc François, a en revanche été acceptée.
"Tout le monde s'étonne. Tout le monde s'interroge sur l'ampleur de la perte et sur le fait qu'un trader, seul dans son coin, ait pu battre tous les polytechniciens qui pullulent à la Société générale", dit un responsable dérivés actions d'une banque américaine.
"Cinq milliards d'euros de pertes, c'est énorme, ça représente une position de plusieurs dizaines de milliards d'euros, peut-être 30 à 40 milliards d'euros. Comment une personne seule a pu faire ça?. C'est quasi impossible à cacher. Où sont passés les appels de marge?", ajoute-t-il.
Un trader sur dérivés actions d'une grande banque londonienne tient à peu près le même discours : "Les responsables de Société générale ont l'air de vouloir faire une opération transparente mais pour moi qui travaille sur le même marché, je ne vois pas comment on a pu arriver à cacher aussi longtemps de telles pertes (...) C'est très très surprenant sur des marchés organisés où il y a normalement un appel de marges tous les jours. C'est possible de cacher des opérations pendant quelques jours avec des complaisances, mais pas pendant des mois". "En tous les cas, si c'est possible, ça jette le discrédit sur la Société générale", ajoute-t-il.
Le responsable d'une maison de courtage européenne est plus sévère et rapporte les avis de certains de ses clients. "Les gens ne croient pas du tout à une fraude. Comment une personne peut perdre cinq milliards d'euros? Il aurait fallu que pendant plusieurs mois elle ait pu cacher ses activités avec une comptabilité truquée", dit-il. "Cinq milliards c'est atterrant. Cela voudrait dire que les fondements de notre système bancaire sont à revoir."
LE DEBOUCLAGE A CONTRIBUE AU "LUNDI NOIR"
Dans un communiqué, la Société générale a indiqué qu'elle avait identifié et analysé au cours du week-end les positions frauduleuses prises courant 2007 et début 2008, les a coupées en début de semaine ce qui, selon les professionnels interrogés, a ajouté une dimension technique de taille à la chute des marchés.
"La Socgen a dû sortir en quelques jours l'équivalent de plus d'un million de contrats futures alors que le volume ces derniers temps est de l'ordre de trois millions de contrats", dit le trader londonien. "Un million de futures cela équivaut à 38 milliards d'euros".
"C'est évident que cela a pesé sur le marché", dit-il, tout comme le responsable de la banque américaine à Paris pour qui le débouclage de ces positions d'arbitrage sur futures sur indices boursiers a "contribué au lundi noir". Ce jour-là, la Bourse de Paris a chuté de 6,83%, emportée aussi par les dégâts causés par la crise du crédit et les craintes de récession aux Etats-Unis.


Douloureuses révélations pour Société Générale.

Alors qu'il y a moins d'un an, la banque aurait pu saisir l'opportunité de sortir par la grande porte dans le cadre d'un mariage européen entre égaux, avec un acteur de premier plan comme UniCredit, elle est aujourd'hui acculée à gérer une crise majeure, provoquée par une fraude massive orchestrée par l'un de ses opérateurs.
Les actionnaires du groupe présidé par Daniel Bouton vont certainement regretter que ce dernier n'ait pas saisi l'occasion de participer à la consolidation du secteur bancaire en Europe en mai dernier, quand son cours de Bourse touchait un plus haut historique de 162 euros.
A 15h19 jeudi, le titre abandonnait 6,2%, à 74,13 euros, et cumulait une perte de 54% par rapport à son plus haut. La valeur comptable des fonds propres de la banque est estimée à 56 euros par action.
La banque n'était pas en mesure de donner de prévision sur l'évolution du bénéfice par action en 2008 et 2009. Et pour cause puisqu’elle ne connaît pas les nouvelles défaillances du crédit hypothécaire américain qui seront annoncées toute l’année 2008 !
Avec une perte nette cumulée de près de 7 milliards d'euros annoncée, l'activité de banque de financement et d'investissement de Société Générale efface quatre années de profit.

 
Richelieu Finances a trop de demandes de retraits

Lundi noir pour les valeurs moyennes à la Bourse de Paris. Les investisseurs sont pris de panique et il faudra attendre les premières publications de résultats annuels et de prévisions pour 2008 pour voir si une inversion de tendance peut se produire.
En attendant, selon des gérants, les valeurs petites et moyennes souffrent des difficultés de Richelieu Finance, l'un des principaux gestionnaires indépendants de la place de Paris, qui pourrait annoncer très prochainement son adossement à un acteur majeur de la gestion d'actifs en Europe.
Selon Le Figaro, face à la baisse des indices, la société de gestion serait contrainte de couper ses positions pour répondre aux retraits de fonds de ses clients. Le fait qu'un acteur de premier plan de la gestion actions à Paris soit contraint de vendre des titres, y compris de bonne qualité, ne fait qu'amplifier la volatilité des cours de Bourse.
Lundi, les sociétés cotées que Richelieu a déclaré détenir en portefeuille reculent fortement, à l'instar de Club Méditerranée, Cegid, Guyenne & Gascogne, Renault TP ou Elf Aquitaine.

Après les dépréciations massives passées par les grandes banques américaines en raison de la crise du subprime, les craintes relatives aux difficultés des rehausseurs de crédit américains semblent avoir eu raison ces derniers jours de l'optimisme des investisseurs, qui ne croient plus à un rebond des résultats cette année. Comme le note CPR Asset Management, "l'incertitude demeure sur l'ampleur des dommages causés à l'économie 'réelle'".

La correction des valeurs petites et moyennes a commencé au second semestre 2007. Trois facteurs expliquent ce mouvement de baisse : une prime de valorisation par rapport aux grandes capitalisations boursières, une plus grande cyclicité des résultats et une moindre liquidité. A cela s'ajoute un changement d'allocation des portefeuilles des gestionnaires d'actifs institutionnels, qui privilégient désormais les titres des grandes capitalisations boursières.
Dans ce contexte, tant que les résultats des entreprises n'auront pas été publiés, et qu'un début de clarification n'aura pas été fait sur l'ampleur de la crise financière actuelle, la cotation des valeurs petites et moyennes risque de demeurer volatile.

-Jocelyn Jovène, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 40;
 
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