Editorial janvier 2008
La crise de l’immobilier s’étend
Elle est devenue celle du crédit et entraîne une spirale baissière sur l’ensemble des marchés. La recherche de la liquidité à tout prix contribue à des ventes forcées de portefeuilles entiers, sans aucun souci du respect des critères techniques de sélection des valeurs. Comme l’urgence commande il n’est pas étonnant de voir des pertes quotidiennes énormes sur l’ensemble des valeurs. Les petites capitalisations souffrent mais aussi d’importantes opérations réalisées par des groupes financiers respectés montrent leurs limites. Ainsi le groupe Wendel a acquis 17% du capital de Saint Gobain à 70 euros alors que cette valeur est à 58 euros.
Comme je l’ai dit il y a plusieurs mois : on n’investit pas dans ce climat. Au contraire on augmente ses liquidités pour intervenir dans une période plus calme. Après tout les responsables des sociétés disposent de tous les moyens pour crédibiliser leur gestion : bons résultats, augmentation des dividendes, rachats de titres, etc. D’ici deux mois nous disposerons de l’ensemble des éléments permettant une saine discrimination entre valeurs sûres et valeurs à liquider. Un seul compartiment doit être écarté, celui des banques, car les pertes peuvent être étalées dans le temps et l’année 2008 réserver de nouvelles mauvaises surprises.
Il y a quelques mois j’avais attiré l’attention sur la situation préoccupante de l’immobilier. Soi-disant notre pays devait être épargné par cette crise née aux Etats-Unis. L’évolution constatée depuis lors montre l’ampleur et l’importance d’une crise à ses débuts. Les prêts indexés ont été aussi employés par des accédants à la propriété. Ce mouvement s’est encore amplifié avec d’importantes pertes qui affectent tout ce compartiment. A titre d’exemple la Foncière des régions qui a un actif net réévalué de 100 euros par action avait une surcote de 60% sur son ANR. Comme son futur ANR sera de 110 euros au 31 décembre 2007 cette baisse brutale entraîne pour ce titre une décote.
Valeurs immobilières | Cours le plus élevé | Cours Au 11 janvier | Différence |
Foncière des Régions | 164.9 | 78.6 | - 52 % |
Klépierre | 54.9 | 31 | - 44 % |
Silic | 151 | 86.2 | - 43% |
Unibail | 241.5 | 143 | - 41% |
Nexity | 71.6 | 26.9 | - 62 % |
Gécina | 150.5 | 92 | - 39 % |
Les valeurs d’énergie et de télécommunications progressent…
alors que les journaux économiques les écartaient de leur sélection au début de l’année 2007. Les télécommunications voient le nombre d’acteurs diminuer rapidement dans chaque pays. Les déconvenues des clients à l’égard de certaines marques sans réseau et l’augmentation des contentieux ramène les consommateurs vers les anciens monopoleurs. Il faut dire aussi que les investissements dans les infrastructures ne peuvent être bradés indéfiniment sans dommage pour les investissements futurs. En 2007 la répartition sectorielle montre un net progrès de France Télécom, Maroc Télécom et surtout SES Global (+60%).
L’importance des secteurs économiques
Selon le poids dans un portefeuille de tel ou tel secteur son résultat peut être entièrement différent. Les vendeurs des valeurs de l’immobilier, du bâtiment qui auraient arbitré en totalité en faveur des télécommunications auraient gagné 30% au lieu d’en perdre 40%. Bien sûr une telle démarche est déconseillée car il faut toujours avoir une répartition équilibrée sur plusieurs secteurs. Mais c’est bien la démonstration que l’année 2007 a été très difficile. L’année 2008 le sera encore plus car marquée par une fuite devant le dollar et une hausse continue de l’or (+ 35% en 2007). De nombreux pays refusent désormais de continuer à augmenter leurs créances en dollar et cherchent à les troquer contre des prises de participation dans des entreprises.
Ce début d’année, si l’indice du CAC 40 a modérément régressé, il n’en a pas été de même pour les petites valeurs. Sur la seule semaine dernière le CAC a fait moins 1,4% et les valeurs moyennes ont perdu 10 fois plus à moins 13,8%. Les capitaux sont tous en recherche de la sécurité maximum pour mieux résister à la baisse continue de la croissance.
Conséquences pour notre pépinière
Les salariés détenteurs de France Télécom ont intérêt à vendre à 26 euros les actions acquises il y a trois ans après attribution des actions gratuites. S’ils ont suivi mon précédent conseil, ils auront acheté de nouvelles actions à 20,29 euros, pour rouler leur position. Leur gain est de 90% sur la même période, avec les dividendes, mais sans les actions gratuites, ni l’abondement.
On s’abstiendra de tout investissement pour le moment. En augmentant à nouveau l’impôt sur les plus values boursières de 27 à 29% le gouvernement a émis un signal peu encourageant pour les investisseurs. Il ne faut pas oublier que cet impôt ne tient absolument pas compte de la durée de détention des titres et de l’inflation subie pendant cette durée. Cette instabilité fiscale continue, croissante et rétroactive n’empêche pas notre pays de connaître une situation « de faillite ou de caisses vides » selon les expressions imagées des maîtres du temps. Le montant total des prélèvements obligatoires atteindra un nouveau record en 2008 au contraire des promesses de diminution électorales.
Guy Muller