Une nouvelle fois, la bourse vient de démentir cruellement le pessimisme ambiant, en dépassant tous ses records. Ainsi, depuis l’élection de François Hollande, la bourse a progressé de plus de 30%, en une année.
Cette progression, s’accompagne d’une amélioration des taux d’intérêt, de -1% sur une année. Les perspectives de bénéfices restent stables pour des sociétés largement ouvertes à l’international. C’est ainsi que la progression des bénéfices pour l’univers d’une centaine de valeurs suivies par Oddo passe de 9,6% en 2011 à 9,4% en 2012. Les extrapolations sont identiques pour l’année 2013.
Et pourtant la désindustrialisation se poursuit dans l’ensemble occidental avec pour conséquence en Europe (Allemagne exceptée) une avancée des déséquilibres commerciaux. Le premier de ces déséquilibres pour la France est celui causé par l’énergie importée. Nous trouvons ainsi et depuis des décennies deux causes majeures à nos déséquilibres. Le départ de la bourse de nombreux investisseurs individuels rend difficile toute reprise même orientée. Et pourtant il faudra bien trouver de nouvelles poches d’investissement détaxées.
Souvenons nous des immobilières conventionnées qui ont contribué à rénover l’urbanisme dans les années 70, des sociétés financières dans le domaine des Télécommunications. Actuellement l’épargne stagne sur des taux fixes et reste donc absente pour la création d’entreprises et d’emplois. Nous cumulons d’étranges taxes cumulées : 36% sur les bénéfices, 46,5% sur la distribution de dividendes, une sur-fiscalisation des sociétés d’investissement immobilier, privées de la déduction des 40%. Les PEA, PEE, PEG ont été progressivement taxés par une CSG augmentée de 3 points entre janvier et juillet 2012. Puis une taxe de 3% sur les dividendes distribués a été créée en 2012. Sans compter une nouvelle taxe sur les transactions financières appliquée aux capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros qui frappe l’investissement de long terme, et pas seulement l’investissement spéculatif.
A la suite de la révolte des « Pigeons » un allègement de la fiscalité est intervenu. Il consiste à tenir compte de la durée de détention des valeurs mobilières. Un abattement de 20 à 60% du montant de la plus-value avait été instauré. Lors des assises de l’entrepreneuriat cet allègement a été augmenté pouvant atteindre les 85% au bout de six années de détention. Il s’y ajouterait un abattement à la base de 500 000 euros. Si rien n’est dit des conséquences de ces dispositions pour les actionnaires individuels, ils devraient suivre les mêmes dispositions. En effet le Conseil Constitutionnel ne tolérera pas une discrimination entre actionnaires. Mais il conviendra de vérifier le seuil de cette déduction créée pour les PME. Il n’est pas interdit d’espérer une fiscalité simplifiée pour ceux qui jouent le jeu de la création d’emploi comme l’avait réalisé Jacques Delors.
Une évasion fiscale massive remise en cause par plusieurs pays
Les scandales révélés par la presse sur l’importance de l’évasion fiscale ajoutent encore au pessimisme ambiant. Si 1000 milliards d’euros quittent l’Europe chaque année, c’est bien que l’organisation de cette Europe inspire la défiance, y compris au niveau de ses élites politiques. D’ailleurs les réponses apportées à ceux qui révèlent les scandales sont mafieuses : les appareils d’Etat nient toujours la réalité de l’évasion fiscale ou son périmètre exact. Monsieur Hervé Falciani, salarié de la banque HSBC, a informé de nombreux pays de l’importance de ces flux. Il a permis à la France d’engager des procédures, grâce à ses listings remis au procureur Montgolfier, sans toutefois obtenir la moindre protection. Craignant pour sa vie il s’était réfugié en Espagne qui lui a accordé une protection policière permanente. L’Espagne avait déjà refusé d’extrader l’intéressé vers la Suisse. Le tribunal souligne que la collaboration de Falciani avec diverses autorités est « prouvée » et qu’il « a fait parvenir les données de manière efficace aux autorités administratives et judiciaires de plusieurs pays, parmi lesquels l’Espagne » et que cela a eu pour « effet direct et immédiat la révélation de situations criminelles dissimulées ou permises par l’établissement financier lui-même », situations inconnues jusqu’à la collaboration de Falciani, « puisqu’il n’avait pas été possible de mener une enquête efficace ».