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14 juin 2007 4 14 /06 /juin /2007 19:00

La Bourse expliquée à ma fille juin 2007

Taux d’intérêt et actions

La BCE a entraîné une brutale correction du marché la semaine dernière en augmentant à nouveau les taux d’intérêt. Cette annonce à entraîné une baisse le même jour, le marché a brutalement corrigé avec une baisse de 1,66%, suivie de plusieurs autres baisses de l’ordre de 5%.

En 18 mois, les taux d’intérêt ont progressé de 2 à 4% et une nouvelle hausse de 0,5% est attendue d’ici à la fin de l’année. Comme il s’agit de taux directeurs, les taux réels leurs sont supérieurs de 0,6% en moyenne. Les emprunts d’état ont coté 4,65% mardi dernier.

Aux Etats-Unis le taux des emprunts d’Etat est de 5.25% mais avec une croissance économique nettement supérieure à celle de l’Europe.

Les nouveaux taux sont mortels pour la croissance

On peut regretter que la BCE n’aie pas attendu de connaître les conséquences des précédentes hausses de taux avant de se prononcer pour une nouvelle hausse. En effet en France les conséquences ont été une régression de la croissance de 0,8% en avril, ce qui limitera la croissance annuelle à 2%. La BCE a validé ses choix par une crainte de l’inflation alors que la hausse des prix connue en avril (sur un an) était de 1,1% en France et de 1,9% pour la zone euro.

Deux autres conséquences sont dommageables :

 -          le marché des actions sera durement concurrencé avec un taux d’intérêt de 5% en fin d’année. Ce niveau est nettement dissuasif et a toujours entraîné des arbitrages d’actions contre des obligations.

 -          L’effet de pincement des marges s’avère colossal surtout pour le marché immobilier.

Lorsque les taux sont bas, les entreprises bénéficient d’un effet de levier dès lors que leurs marges sont comprises entre un taux de rendement de 6,5% et que l’accès à des crédits de l’ordre de 3,5 % leur donne un effet de levier. Cet effet de levier pousse les entreprises à s’endetter afin de bénéficier de la différence entre le taux d’accès au crédit et le rendement des capitaux investis. Au fur et à mesure de la hausse des taux d’intérêt par la BCE, l’investissement devient plus hasardeux ! Malheureusement toutes les entreprises n’ont pas une marge de 6% ! Si en plus elles font de mauvaises affaires (cas des sous-traitants de l’automobile, voire des constructeurs eux-mêmes confrontés à une concurrence effrénée et qui ont du mal à dépasser les 3 à 4% de marge nette), il vaut mieux fermer des sites de production ou vendre bâtiments et usines pour refaire du cash. A ce niveau on le comprend bien, l’entreprise doit désinvestir pour ne pas se trouver « étranglée » par la montée des taux.

Mais un autre secteur est encore plus concerné par l’augmentation des taux d’intérêt, c’est celui de l’immobilier. A 5% on n’engage plus de programmes de construction c’est ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis.

Les nouveaux taux sont encore plus mortels pour l’immobilier

L’investissement immobilier est déjà fragile puisqu’il s’agit du secteur où se réfugient les investisseurs les plus prudents. La nécessité d’avoir un toit et donc de ne point avoir de loyer à payer est extrêmement incitative pour les particuliers qui épargnent. Mieux, l’immobilier c’est une retraite différée et améliorée, au terme d’une vie de travail. Après plusieurs années de hausse des prix, les investisseurs individuels oublient progressivement toute mesure, alors que l’immobilier connaît des cycles comme tous les autres actifs. Le tableau ci après montre que les valeurs immobilières viennent de rétrograder très rapidement à l’aune de la sévère baisse de leurs bénéfices à venir. Ces sociétés sont investies dans des marchés où la marge est de l’ordre de 6,5%, depuis qu’elles ont complètement abandonné l’immobilier locatif qui rapporte moins (5%). Entre un accès au crédit de 3% et une marge de 6,5% l’effet de levier est de 3%. Par les hausses des taux de la BCE le taux d’accès au crédit est de 4,6 % actuellement et tendra vers les 5,20 % en fin d’année. Il s’ensuit un véritable effondrement des marges sur emprunt qui passent à 1,9% et 1,3%. A ce niveau, il ne faut pas faire la moindre erreur sur l’emplacement choisi, sur les aléas de construction et sur la présence au final d’acquéreurs ou de loueurs.

Or la hausse des taux d’intérêt affectant l’ensemble  des acteurs de l’économie, elle fragilise simultanément l’ensemble des investisseurs, qui comprennent que l’absence de tout risque rend les emprunts d’Etat plus avantageux.

 

Valeurs immobilières

 

 

Cours le plus élevé

 

 

Cours actuel   

 

 

Différence

 

 

Foncière des Régions

 

 

164.9

 

 

114

 

 

- 31 %

 

 

Klépierre

 

 

164.7

 

 

131

 

 

- 22 %

 

 

Silic

 

 

151

 

 

121

 

 

- 20  %

 

 

Unibail

 

 

241.5

 

 

201

 

 

- 16,7%

 

 

Gécina*

 

 

150.5

 

 

131

 

 

- 13 %

 

 

           *Gécina est soumise à une garantie de cours

Il sera bon de suivre dans les prochains mois l’évolution des cours des valeurs immobilières qui après avoir décoté de 40% en bas de cycle, ont été surcotées de 40% ces derniers mois. Il arrive qu’en bourse certains secteurs soient des précurseurs de l’allure ultérieure de la bourse. Ce phénomène récent est à suivre de près pour cette raison

 

Guy Muller

 

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