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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 11:07

 

Un tour de vis énorme jugé insuffisant par Bruxelles

Le nouveau plan de résorption du déficit de la France, en dépit d’un niveau de fiscalité important, ne suffira pas à enrayer la progression du déficit pour l’année 2012. Ce déficit devrait encore progresser de 1 à 1,5, au delà des 85%.

L’impôt sur les sociétés est porté à 38,3%, en hausse de 5%, d’un seul coup, soit 13% majoration. Ce prélèvement annule deux années de progression des bénéfices des sociétés, pour les mieux loties !!

Le prélèvement libératoire passe lui de 19 à 24 %, soit une hausse de 26% en une année. Depuis 2007 ce taux sera passé de 15 à 24%, soit une progression de 60%. Les prélèvements sur revenus passent de 31,3% à 37,5%, soit plus de 20%. Le pompon est détenu par la fiscalité immobilière (entendre la vingtaine des conventionnées) pour lesquelles le prélèvement atteindra les 40% dès 2012.

Doit-on rappeler que ceux qui ne devaient pas augmenter les impôts ont précédemment supprimé l’abattement forfaitaire sur les revenus de dividendes et l’abattement sur les plus-values, dès 2011 ?

Avec une baisse de la bourse de 20% en 2011 et une baisse de l’ordre de moitié en dix ans, nos dirigeants montrent leur méconnaissance des marchés. Nombre des majorations prévues s’avéreront inopérantes et nécessiteront donc de nouveaux prélèvements tout aussi inutiles.

 

La dette flambe du fait des cautions extérieures

En dépit des sacrifices exigés, le niveau du déficit prévisible pour l’année 2012 sera supérieur à 4,5%. Or au-delà de 3%, la masse des emprunts continue à croître, de façon inéluctable. Quelle sera alors la fiscalité qui permettra de passer à zéro déficit en 2017 ?

Le cumul de ces taxes et l’augmentation de la TVA et de divers autres prélèvements nous donne l’assurance d’une conjoncture très affaiblie dans les deux prochaines années. Mais la hausse des taux d’intérêts obligataires, les cautions données au FESF, ou à Dexia (10 milliards pour cette seule banque), nous assurent que la dette croîtra pour des facteurs extérieurs. A titre d’exemple si le FESF a racheté 200 milliards de dette grecque, la France en est caution pour 21% pour une défaillance déjà actée de 50%. Notre perte est donc de 20 milliards auxquels s’ajoute divers prêts hors FESF pour 32 milliards. Au total, la dette de la France se sera accrue de 62 milliards, au titre des seuls engagements extérieurs. Or l’Italie, l’Espagne et la France entrent dans le cyclone de la hausse des taux d’intérêts. La France acquitte une prime de risque de 200 points supérieurs à la prime payée par la monnaie la plus forte. Comment payer une dette à 5%, alors que les 3% étaient déjà difficiles à gérer ?

 

Le seul conseil que je puisse donner c’est d’éviter de jouer avec les nouveaux maîtres d’une économie devenue folle, ingérable et très adaptée à multiplier le nombre des sans emplois. En s’en prenant à l’épargne des plus petits, l’Etat vide le marché des Epargnants les plus stables, les plus nécessaires aux entreprises. C’est l’épargne longue qui crée l’emploi, non la spéculation au jour le jour. Justement, parlons de la dernière manifestation des législateurs intervenue la semaine dernière. Monsieur Carrez a supprimé l’engagement de l’Etat de protéger les plus-values générées par une épargne longue. Cette décision avait été adoptée par le Parlement en 2006 à la condition que les actions soient détenues de façon continue. Sa justification était que les plus-values étaient imposées sans qu’il soit tenu compte de l’inflation. Cette exonération prévue au bout de cinq ans de détention avait été reportée à 6 et 7 ans. Elle est désormais complètement supprimée.

 

Les actionnaires attendent la restauration de la Confiance

Nous attendrons pour investir  la venue de responsables plus au fait des mécanismes à long terme. Au fond, Jacques Delors dès 1983, avait restauré la confiance tout en créant le second marché qui avait été une pépinière d’entreprises à fort potentiel. La fiscalité était modérée pour toute épargne de long terme. La bourse avait quadruplé en 10 années. Mais c’était un socialiste… Nos capitalistes libéraux ont eux perdu en route 2 à 3 millions d’actionnaires. Ces actionnaires, nouveaux pour l’essentiel, ont connu de sévères pertes sur l’ensemble des valeurs mises sur le marché après dénationalisation. Natixis a perdu 90% de sa valeur, Dexia 99%, toutes les bancaires ont chuté lourdement, surtout si l’on tient compte des appels au marché pour recapitalisation (passés et à venir). Les valeurs de l’énergie sont à des niveaux catastrophiques : EDF, GDF, Areva. Les valeurs des Télécommunications sont aussi à des prix bradés : France Télécom, Vivendi, Bouygues, tout comme les TF1, M6… Certaines valeurs ont complètement disparu de l’horizon : Péchiney, Arcelor, Assurances AGP, AGF. Faut-il évoquer le passage d’Air France à moins de 5 euros ?

Les actionnaires ont déjà voté avec leurs pieds, sanctionnant une politique désastreuse, fruit de l’absence d’ambition industrielle, voire de la fin des grandes innovations provenant de notre sol. L’hebdomadaire « Le revenu » de cette semaine publie un sondage qui montre que plus de 80% des actionnaires sont mécontents de la fiscalité qui les concerne directement.  Autant dire que le travail de destruction de valeur déjà constaté sur les dix dernières années, se poursuit avec la création d’une fiscalité instable. L’absence de lisibilité fiscale, même à très court terme, parachève la démolition de la confiance des épargnants.

 

Guy Muller

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