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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 10:35

La bourse en juillet

Juillet 2009

 

 

La croissance en racine carrée

La bourse serait un investissement facile si l’évolution de l’économie était prévisible. Les journaux économiques se perdent en vaticinations sur la nature de la crise actuelle. On parle alors de sortie de crise en V, en U, en W, qui sont des extrapolations sur la configuration des futurs graphiques de sortie de crise. Or des économistes réunis récemment à Aix en Provence ont élaboré un nouveau schéma dit en racine carrée. La sortie de crise ne permettrait pas de rattraper le niveau de production antérieur. Ces économistes se basent sur plusieurs constats :

-         la poursuite des délocalisations,

-         la hausse du chômage et baisse de la consommation,

-         la propension des entreprises à chercher à diminuer leurs coûts,

-         des secteurs économiques en perdition à la recherche d’une refondation (obsolescence du modèle de fabrication, attentes différentes des consommateurs, manque d’envie de consommer)

La sortie de crise en racine carrée est aussi par sa durée, porteuse de changements brutaux de comportement, riche de crises sociales. Le niveau d’endettement des Etats posera inéluctablement le problème de l’accroissement de la fiscalité. Avec une crise durable le partage actuel de la richesse peut aussi être remis en cause.

 

L’évolution de la bourse au 1er semestre 2009

Après une chute de l’indice de 22% et une remontée à + 6%, nous en sommes à un retrait de 7%, ce qui justifie mon retrait du marché. Les nouvelles à venir sont encore très sombres car la récession va marquer durablement les entreprises. Dans une récente étude, la société Oddo, vient d’élaborer ses perspectives économiques pour les MIDCAP (valeurs dont l’évolution a été supérieure à celle du CAC 40). La décroissance des chiffres d’affaires passerait de – 6,5% à - 7,1%, entre le premier et le second trimestre 2009. La marge des 93 sociétés étudiées baisserait de plus de 35%. Même si le second semestre connaissait une amélioration, la baisse des bénéfices, serait importante en 2009. Pour redresser la barre les chefs d’entreprises agiront en diminuant leurs coûts salariaux au cours de la deuxième partie de l’année. Il en résultera une montée en flèche du chômage au détriment de la consommation. Le risque de l’économie est bien désormais d’un auto entretien de la dépression. Si l’on regarde du côté des Etats-Unis, les derniers chiffres sont alarmants, avec une progression du chômage en juin, de nouvelles faillites d’entreprises et de banques.

L’ensemble des signaux d’alerte actuellement connus repousse à nouveau de 6 mois l’éventualité d’une sortie de crise.

Une fenêtre d’investissement en bourse apparaîtra seulement après une nouvelle régression des cours. L’abstention s’impose donc !!

 

Même les valeurs défensives sont en train de toucher leurs plus bas niveaux de l’année : Total, Vinci, GDF, France Télécom, Vivendi.

 

Vivendi : nouveaux risques

La baisse de l’action Vivendi, son excellent rendement ont attiré l’attention des analystes qui ont vivement recommandé l’achat du titre. Ce choix n’était pas mauvais en tenant compte des informations alors connues sur cette société. Toutefois, il faut constater que ce champion de la communication fait peu pour communiquer et informer ses actionnaires, ce qui a pour conséquence une chute importante de son cours depuis le 1er janvier (-28%).

 

Historiquement, il faut rappeler que Vivendi avait de nombreux atouts lors de la dérégulation des télécommunications en France. Ces atouts ont été dilapidés dans des prises de participations qui ont détruit sa capitalisation boursière. Alors que Vivendi avait un poids égal à celui de France Télécom en chiffre d’affaires il y a 12 ans, sa capitalisation n’en représente plus que la moitié. Si l’on compare le nombre d’abonnés, France Télécom en possède 4 fois plus, que l’ensemble constitué par SFR et Maroc Télécom.. A ce jour, Vivendi est un conglomérat, dont les piliers sont détenus par Vodafone, Lagardère, etc. Il en résulte une décote croissante bien que ses actifs soient intéressants : Canal +, Maroc Télécom, SFR.

 

 

Mais ce qui va à l’encontre de cet investissement, c’est que Vivendi n’a jamais voulu ou pu consolider ses prises de participation historiques. Cette société agit comme si elle se défiait de ses choix stratégiques antérieurs. Toujours à la recherche d’une nouvelle diversification elle déconcerte sans cesse ses actionnaires. L’achat de 9Télécom a été chèrement payé, tout comme les investissements dans Universal (disques et vidéos) dont le chiffre d’affaires a été rongé par le piratage.

Or l’endettement de Vivendi, déjà important, risque d’augmenter encore. Ce sont les perspectives d’achat de l’opérateur Koweitien Zain qui sont à l’origine de la nouvelle baisse des cours. Bien que Zain soit une très belle affaire avec 60 millions d’abonnés en Afrique, son prix de vente serait hors des possibilités de Vivendi. Vivendi cherche aussi à se renforcer dans Canal, dans SFR… Autant dire que la dette actuelle de 8 milliards ne pourrait qu’augmenter, sûrement au détriment de la distribution aux actionnaires. Inéluctablement les actionnaires devront secourir un Vivendi empêtré dans une énorme dette et verront une nouvelle fois leur participation diluée par une augmentation de capital massive.

 

Dans tous les cas de figure, une nouvelle dégradation de la notation de Vivendi, accroîtrait le coût de sa dette. Nous nous retrouvons donc en présence du même syndrome que celui rencontré par France Télécom il y a un an. Rappelons que France Télécom avait voulu absorber l’opérateur suédois Télia. Le marché avait alors infligé à cet opérateur une dégringolade de son cours de bourse qui avait eu pour conséquence un renoncement à l’absorption envisagée.

Bonnes vacances à tous,

 

Guy Muller

 

 

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