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24 mars 2008 1 24 /03 /mars /2008 17:39

Le radeau de la Méduse

Mars 2008

Monnaies, bourses, pétrole : rien ne va plus

La semaine dernière a montré l’énervement croissant de la sphère financière. La Réserve fédérale en baissant dimanche dernier de 25 puis de 75 points de base ses taux d’intérêt, a atteint un taux de 2,25% pour tenter d’apaiser les marchés. Si les 3 millions de logements actuellement saisis par la crise des subprimes avaient bénéficié d’un tel taux, la crise actuelle n’aurait pu démarrer. Ce simple constat montre bien l’impéritie de la gestion des taux par la FED. Car le cœur des préoccupations est bien le montant des dépréciations d’actifs imposées par les « subprimes », ces crédits hypothécaires à haut risque.

Cette décision a aggravé les craintes des investisseurs au lieu de les rassurer, portant le niveau des cours du pétrole et de l’euro à de nouveaux sommets. La généralisation de la crise des banques a atteint un niveau encore jamais atteint. C’est Bear Stearns qui après avoir coté 170 dollars l’an dernier et qui était encore à 27 dollars vendredi dernier, fait l’objet d’un rachat à 2 dollars l’action par JP Morgan Chase. Le prix dérisoire d’achat de 236 millions de dollars pour une banque valorisée 20 milliards en 2007, montre une dépréciation due à de nombreuses prises de positions spéculatives.

Vers une nationalisation des banques ?

En dépit de l’injection massive de 200 milliards de dollars la semaine précédente par les banques centrales, il apparaît que ces aides reportent dans le temps la découverte de nouveaux cadavres dans les placards des banques. La FED a bien fait son devoir avec Bear Stearns en accordant 30 milliards de dollars de garantie à JP Morgan la banque acheteuse. Citigroup qui avait annoncé 18 milliards de pertes en 2007 devrait annoncer une perte du même montant au premier trimestre 2008. Des dégâts sont encore attendus pour 80 milliards de dollars… Désormais des économistes souhaitent que la FED arrête une situation de complet discrédit en nationalisant pour 2000 à 3000 milliards de dollars l’ensemble du système bancaire. Cette opération devrait coûter au contribuable américain près de 500 milliards de dollars. C’est dire que le montant des pertes affichées à l’occasion de la crise des subprimes n’en finit pas d’évoluer défavorablement. En France le crédit mutuel Arkéa vient d’être victime d’une perte de 183 millions d’euros. En Suisse, le Crédit Suisse, outre qu’il vient de déprécier ses actifs de l’ordre de 5 milliards de francs suisses, annonce le renvoi de traders. C’est encore et toujours la faute de maudits spéculateurs internes agissant sans mandat de la banque !!

Les fonds souverains ne recapitalisent plus, la BNP refuse l’OPA sur la Générale

Le refus de la BNP de réaliser une OPA sur la Société Générale montre bien l’impossibilité actuelle de valoriser avec certitude les actifs bancaires. Nous avons aussi appris que Monsieur Kerviel avait eu accès à l’ordinateur de son supérieur hiérarchique en sa présence. Simultanément il indique comment les comptes au 31décembre sont arrangés pour laisser des marges de progression ultérieures. http://www.mediapart.fr/journal/economie/180308/jerome-kerviel-l-integralite-du-requisitoire-du-parquet

Au final le secteur bancaire n’a pas fini de demander l’aide aux banques centrales ou aux fonds souverains pour pouvoir se recapitaliser. Il est même étonnant de ne plus entendre les voix des tenants du libéralisme pur et dur en cette difficile période. Comme nous savons que plus de la moitié des pertes dues à la crise sont encore cachées le secteur bancaire a perdu toute sa crédibilité. Mais il a enclenché une nouvelle crise du crédit qui touche l’économie réelle. Pour restaurer des bilans affaiblis les banques restreignent l’octroi des prêts déclenchant une récession économique. Le discrédit du dollar ne touche pas que sa relation avec l’euro. Le yen est aussi à un sommet comme l’or et le pétrole.

On comprendra notre prudence et la tenue à l’écart des valeurs financières qui infligent d’importants dégâts aux portefeuilles. Avec une baisse de 19% de la bourse depuis le 1er janvier mon conseil de se tenir à l’écart du marché montre sa pertinence. De nombreuses valeurs ont des actifs intégralement indexés sur la bourse : Axa, Wendel. Même les particuliers finiront par voir leurs revenus de retraite, d’assurance atteints par une dépression proche de 36% sur une année. Seule l’ampleur de la baisse qui a rarement dépassé les 40% en période de récession donne une fragile limite à la baisse. Mais un record peut toujours être dépassé : Nexity et Kaufmann en sont la preuve !!

On attendra pour investir un moment plus propice.

Guy Muller

 

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