Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 18:28

 

Le Radeau de la Méduse en Octobre

 

Bonjour,

Depuis 15 ans que je tiens une rubrique économique critique à l’égard de nos dirigeants, sous l’intitulé du Radeau de la Méduse, j’avoue ne pas toujours être bien compris.

Comme le radeau de la Méduse représente une histoire véritable mais, figure aussi une allégorie représentative des dangers de la mer, j’ai voyagé cet été et je me suis rendu  en certains lieux.

CIMG4371---Copie.JPG

Ainsi, je suis allé au cimetière du Père Lachaise, me recueillir sur le tombeau de Gérôme Géricault, puis je suis allé voir l’exposition Mayas, avant de visiter deux musées dont les toiles s’inspirent de drames maritimes.

La situation critique de l’euro et de nos économies m’a semblé trouver des issues dans notre passé. Lorsque le navire sombre, le capitaine figure au nombre des victimes. Lorsque le capitaine fait fausse route à la tête d’une banque, il en change ou devient ministre. Lorsque le capitaine est chef d’Etat, le pays disparait ou, ce qui revient au même, la délimitation de son territoire en est modifiée. Un système peut disparaitre entièrement d’un seul coup. Le conte suivant est issu d’un rêve.

La crise comme on ne vous l'a jamais expliquée

La crise des ânes

5417472161_551a3c9d6f.jpg

Acte 1. Au foirail. 

Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village.  Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait  cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait.  Les paysans  le trouvaient bien un peu étrange mais son prix était très intéressant et  ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine  réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et  là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs  bêtes. Les  jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait  vendirent les derniers ânes existants.

Constatant qu’il n’en restait  plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans  huit jours et il quitta le village. Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter  et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 €  l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la  semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.  Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent  prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les  villageois se retrouvèrent avec des ânes sans  valeur, endettés jusqu’au  licol.

3333254007_05e4318108.jpg

Acte 2. Le Crédit local-Dexia
Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur  emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis  loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci  pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne  rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger  le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune. Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux  habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au  banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant.

Or  celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un  trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous  se trouvèrent  proches du surendettement. 

 Acte 3.  Les économistes préconisent un remède de cheval

Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux  d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces  dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car  elles avaient connu les mêmes infortunes.  Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent  de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les  programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa l’âge  de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on  baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce  des ânes. Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le  banquier et les deux  escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés. 

Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne  électorale des maires sortants. Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les  villageois.

 

Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ?

 

2445460385_83086c5fd8.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires